La plus belle saison de l’année pour moi et pourtant, années après années, un goût de plus en plus amer m’envahit. En dépit de mon jeune âge…, je suis déjà sous l’emprise d’une certaine nostalgie. Une époque où le brame en forêt de Fontainebleau rimait avec de véritables opéras nocturnes. Cette rhétorique du désir pouvait s’exprimer avant le coucher du soleil ou bien dés le petit matin. J’utilise malheureusement l’imparfait car j’ai l’intime conviction, pour arpenter le terrain dés que j’en ai l’occasion, que je mentionne un temps hélas révolu. Bon, certes je ne possède pas le don d’ubiquité et par conséquent je ne peux être en maints endroits différents simultanément mais mes places-repères (de brame) trahissent un inquiétant silence. Où sont passées les joutes sonores matinales, les échos de fins de soirées, les rencontres avec les grands seigneurs jalousant farouchement la harde nombreuse. Je suis triste et ce sentiment s’intensifie au fil du temps. A qui la faute? Une pression cynégétique dévastatrice, une surfréquentation du massif durant cette période (effet de mode du brame et les cohortes de bipèdes si souvent peu respectueuses de cette saison des amours à la sauce cervidée, poussée mycologique qui pousse sur les chemins et dans les parcelles des hordes de ramasseurs…), j’en passe et des meilleures.
Je suis nostalgique, triste et inquiêt. Quelques rencontres néanmoins mais de plus en plus rares.
Un signe caractéristique de la moindre présence des grands seigneurs des forêts, de nombreuses biches suitées qui se promènent nonchalemment sans subir les assauts de ces derniers.
Et puis d’un coup un Monsieur qui surgit et qui semble dire : « Vous n’auriez pas vu passer mes biches par hasard? »
Les frères daguets
En habit de camouflage
« T’es qui toi? »
La suite dans quelques jours…